DĂ©marches administratives

Fiche pratique

Garde Ă  vue

Vérifié le 01 septembre 2023 - Direction de l'information légale et administrative (PremiÚre ministre)

La garde Ă  vue est une mesure privative de libertĂ© prise lors d'une enquĂȘte judiciaire Ă  l'encontre d'une personne suspectĂ©e d'avoir commis une infraction.

Nous vous présentons les informations à connaßtre sur la garde à vue.

Une personne est mise en garde à vue s'il existe des raisons valables de penser qu'elle a commis ou tenté de commettre une infraction.

L'infraction reprochĂ©e doit ĂȘtre un crime ou un dĂ©lit puni d'une peine d'emprisonnement.

La garde Ă  vue doit ĂȘtre l'unique moyen de parvenir Ă  l'un, au moins, des objectifs suivants :

  • Continuer une enquĂȘte en s'assurant de la prĂ©sence de la personne suspectĂ©e
  • Garantir la prĂ©sentation de la personne devant un magistrat
  • EmpĂȘcher la destruction d'indices
  • EmpĂȘcher une concertation, c'est-Ă -dire ne pas permettre Ă  la personne gardĂ©e Ă  vue de se mettre d'accord avec ses complices
  • EmpĂȘcher toute pression sur les tĂ©moins ou les victimes
  • Garantir l'arrĂȘt de l'infraction en cours

Si toutes les conditions sont remplies, un officier de police judiciaire (OPJ), de sa propre initiative ou sur instruction du procureur de la RĂ©publique, peut placer le suspect en garde Ă  vue.

L'OPJ doit informer le procureur de la République du placement en garde vue dÚs le départ de la mesure.

  À savoir

une personne suspectĂ©e d'une infraction peut aussi ĂȘtre entendue en audition libre.

Durée initiale

La durĂ©e de la garde Ă  vue est de 24 heures, mais cette durĂ©e peut ĂȘtre abrĂ©gĂ©e ou prolongĂ©e.

Le dĂ©compte des 24 heures commence au moment mĂȘme oĂč le suspect est retenu, parfois par la force. Par exemple, Ă  partir du moment oĂč le suspect est interpellĂ© par un policier.

Le suspect doit ĂȘtre informĂ© immĂ©diatement de son placement en garde Ă  vue. Mais cette information peut lui ĂȘtre donnĂ©e plus tard si la situation ne le permet pas au moment oĂč la garde Ă  vue commence (par exemple, si le suspect est arrĂȘtĂ© sur la voie publique).

  • Le dĂ©but de la garde Ă  vue est le moment de l'arrestation.

     Exemple

    Si une personne est arrĂȘtĂ©e lundi Ă  15h puis amenĂ©e au commissariat Ă  16h, le dĂ©but de la garde Ă  vue est 15h et la fin sera mardi Ă  15h.

  • Le dĂ©but de la garde Ă  vue est l'heure du test d'alcoolĂ©mie ou de stupĂ©fiants, en cas d'infraction routiĂšre.

     Exemple

    Si une personne est contrĂŽlĂ©e et testĂ©e mardi Ă  19h, puis amenĂ©e au commissariat oĂč sont faits d'autres tests jusqu'Ă  20h, la garde Ă  vue dĂ©bute Ă  19h et se termine mercredi Ă  19h.

  • Le dĂ©but de la garde Ă  vue est l'heure de placement en chambre de dĂ©grisement.

     Exemple

    Si une personne est placĂ©e en cellule de dĂ©grisement jeudi Ă  22h, la garde Ă  vue se finit vendredi Ă  22h, quelle que soit l'heure oĂč l'OPJ a annoncĂ© cette garde Ă  vue.

Prolongation

La garde Ă  vue peut ĂȘtre prolongĂ©e si l'infraction reprochĂ©e est punie d'une peine de prison d'au moins 1 an.

La prolongation doit ĂȘtre l'unique moyen d'atteindre un des objectifs qui a permis la garde Ă  vue initiale, c'est-Ă -dire :

  • Continuer une enquĂȘte en s'assurant de la prĂ©sence de la personne suspectĂ©e
  • Garantir la prĂ©sentation de la personne devant un magistrat
  • EmpĂȘcher la destruction d'indices
  • EmpĂȘcher une concertation, c'est-Ă -dire ne pas permettre Ă  la personne gardĂ©e Ă  vue de se mettre d'accord avec ses complices
  • EmpĂȘcher toute pression sur les tĂ©moins ou les victimes
  • Garantir l'arrĂȘt de l'infraction en cours

La durĂ©e initiale de la garde Ă  vue peut ĂȘtre augmentĂ©e de 24 heures supplĂ©mentaires (soit 48 heures au total). Cette prolongation est dĂ©cidĂ©e par le procureur de la RĂ©publique en cas d'enquĂȘte de flagrance ou d'enquĂȘte prĂ©liminaire ou par le juge d'instruction dans le cadre d'une information judiciaire.

Avant cette prolongation, la personne suspecte gardĂ©e Ă  vue peut ĂȘtre entendue par le magistrat (procureur ou juge d'instruction) au tribunal ou par visioconfĂ©rence.

Pour les infractions graves, la garde Ă  vue peut ĂȘtre prolongĂ©e pour atteindre la durĂ©e totale de 72 heures (ou 96 et 144 heures, en cas de trafic de drogue, terrorisme...). Dans ces cas, la dĂ©cision est prise par le juge d'instruction, lors d'une information judiciaire, ou par le juge des libertĂ©s et de la dĂ©tention (JLD) dans les autres cas.

Droit Ă  l'assistance d'un avocat

La personne gardĂ©e Ă  vue peut solliciter l'aide d'un avocat dĂšs le dĂ©but de la garde Ă  vue. Dans ce cas, elle doit soit dĂ©signer lui-mĂȘme un avocat qu'elle connaĂźt, soit demander un avocat commis d'office.

Si la personne gardée à vue demande un avocat, sa 1Úre audition doit débuter en présence de cet avocat sauf si l'audition porte uniquement sur l'identité du suspect.

Si un dĂ©lai de 2 heures s'est Ă©coulĂ© depuis que l'avocat a Ă©tĂ© contactĂ© et que l'avocat n'est pas arrivĂ© sur place, l'audition peut tout de mĂȘme avoir lieu.

Si l'enquĂȘte le justifie, le magistrat chargĂ© de l'affaire (juge ou procureur de la RĂ©publique) peut autoriser une audition immĂ©diate sans attendre l'arrivĂ©e de l'avocat.

À son arrivĂ©e, l'avocat peut s'entretenir avec son client pendant 30 minutes maximum et consulter les documents suivants :

  • ProcĂšs verbaux d'audition
  • ProcĂšs verbal concernant le placement en garde Ă  vue
  • Certificat mĂ©dical (s'il a Ă©tĂ© Ă©tabli)

En cas de prolongation de la garde Ă  vue, l'avocat peut une nouvelle fois s'entretenir avec son client pendant 30 minutes maximum.

L'avocat peut assister Ă  tous les interrogatoires et prendre des notes. Il peut aussi assister la personne gardĂ©e Ă  vue lors d'une reconstitution ou ĂȘtre prĂ©sent lors d'une sĂ©ance d'identification Ă  laquelle le suspect participe.

À la fin de chaque interrogatoire, l'avocat peut poser des questions. L'officier de police judiciaire (OPJ) peut s'y opposer uniquement si celles-ci sont de nature Ă  empĂȘcher le bon dĂ©roulement de l'enquĂȘte.

L'avocat peut également faire des observations dans lesquelles il peut noter les questions refusées. Ces observations sont jointes à la procédure.

Si la personne gardée à vue est transportée dans un autre endroit, son avocat est immédiatement averti.

Droit Ă  un contact avec un proche et un employeur

Le suspect a le droit de faire prévenir son employeur et un proche de sa garde à vue.

Il ne peut prévenir qu'un seul proche parmi la liste suivante :

  • Personne avec laquelle il vit habituellement
  • PĂšre ou mĂšre
  • Un de ses grands-parents
  • Un de ses enfants
  • Un frĂšre ou une sƓur

Pour garder ou obtenir de nouvelles preuves, le magistrat en charge de l'enquĂȘte peut dĂ©cider que le proche ne soit pas prĂ©venu, ou qu'il le soit plus tard. Par exemple, s'il faut faire une perquisition, pour Ă©viter la dissimulation de preuves, le procureur de la RĂ©publique peut retarder le moment oĂč il prĂ©vient la personne choisie par le suspect.

Le procureur peut aussi retarder l'information Ă  un proche ou mĂȘme ne pas l'accorder pour empĂȘcher une atteinte grave Ă  la vie, la libertĂ© ou l'intĂ©gritĂ© physique d'une personne. C'est le cas par exemple si le procureur craint qu'un membre de la famille du suspect agresse le plaignant ou un tĂ©moin.

La personne gardĂ©e Ă  vue peut demander Ă  communiquer avec un de ses proches par Ă©crit, par tĂ©lĂ©phone, ou Ă  avoir un entretien. L'OPJ peut refuser si cette communication risque de perturber l'enquĂȘte et de permettre une nouvelle infraction.

 Ă€ noter

lorsque la personne gardée à vue fait l'objet d'une mesure de protection juridique, l'OPJ doit avertir le curateur ou le tuteur.

Droit d'ĂȘtre examinĂ© par un mĂ©decin

Le gardĂ© Ă  vue peut demander Ă  ĂȘtre examinĂ© par un mĂ©decin. Le mĂ©decin doit notamment se prononcer sur la compatibilitĂ© de la garde Ă  vue avec l'Ă©tat du suspect. Le certificat mĂ©dical est versĂ© au dossier.

En cas de prolongation de sa garde Ă  vue, le suspect peut ĂȘtre examinĂ© une seconde fois.

À tout moment, le procureur de la RĂ©publique ou un OPJ peut prĂ©voir un examen mĂ©dical de la personne gardĂ©e Ă  vue.

L'examen mĂ©dical peut Ă©galement ĂȘtre demandĂ© par un membre de la famille du gardĂ© Ă  vue. Dans ce cas, l'examen est obligatoire sauf s'il est dĂ©jĂ  prĂ©vu Ă  la demande du gardĂ© Ă  vue ou sur initiative du procureur de la RĂ©publique ou de l'OPJ.

Droit d'ĂȘtre assistĂ© par un interprĂšte

S'il ne maĂźtrise pas la langue française, le gardĂ© Ă  vue a le droit d'ĂȘtre assistĂ© par un interprĂšte dans une langue qu'il comprend.

Si la personne est atteinte de surditĂ© et qu'elle ne sait ni lire, ni Ă©crire, elle doit ĂȘtre assistĂ©e par un interprĂšte en langue des signes ou par toute personne qualifiĂ©e.

Droit de garder le silence

Le gardé à vue a le droit de faire des déclarations, de répondre aux questions qui lui sont posées ou de se taire.

Sa seule obligation est de décliner son identité.

Droit de faire des observations en cas de prolongation de la garde Ă  vue

Le suspect peut faire des observations sur la prolongation de la garde à vue lorsqu'il est présenté au magistrat chargé de prendre la décision.

Si le gardé à vue n'est pas présenté à un magistrat, il peut demander à faire noter dans un procÚs verbal d'audition ses observations sur la prolongation de la mesure. Le procÚs verbal est communiqué au magistrat avant qu'il ne se prononce sur l'éventuelle prolongation de la mesure.

Droit de consulter certains procĂšs-verbaux

Le gardé à vue a le droit de lire, dans les meilleurs délais et au plus tard avant l'éventuelle prolongation de la garde à vue, certains procÚs verbaux.

Il peut demander à lire le procÚs-verbal de déroulement de la garde à vue, les procÚs-verbaux d'auditions et s'il existe, le certificat médical du médecin venu l'examiner.

La garde à vue commence par la notification de ses droits à la personne gardé à vue et une éventuelle fouille ou palpation de sécurité.

Le gardĂ© Ă  vue est ensuite Ă  la disposition des enquĂȘteurs pour la rĂ©alisation des actes d'enquĂȘtes.

Notifications des droits

L'officier de police judiciaire (OPJ) doit informer dÚs le début de la garde à vue la personne gardée à vue des éléments suivants :

  • DĂ©but de la garde Ă  vue, durĂ©e et possibilitĂ© d'une prolongation de sa durĂ©e initiale
  • Infraction qu'elle est suspectĂ©e d'avoir commise, date et lieu prĂ©sumĂ©s de celle-ci
  • Objectifs visĂ©s par la garde Ă  vue
  • Ensemble de ses droits (droit d'ĂȘtre examinĂ©e par un mĂ©decin, droit d'ĂȘtre assistĂ©e par un avocat, droit de se taire ...).

Un écrit reprenant l'ensemble de ces droits est remis à la personne gardée à vue lorsqu'elle est informée du début de sa garde à vue.

Si nécessaire, la notification doit avoir lieu dans une langue que le gardé à vue comprend.

Palpation ou fouille

La personne gardĂ©e Ă  vue peut faire l'objet d'une palpation de sĂ©curitĂ© ou d'une fouille si elle est nĂ©cessaire pour l'enquĂȘte.

Ces actes sont effectués par la police ou la gendarmerie :

  • Palpation manuelle ou avec une dĂ©tection Ă©lectronique. Un agent, de mĂȘme sexe que la personne fouillĂ©e, la touche sur ses vĂȘtements. Cet agent peut lui demander d'enlever certains vĂȘtements, mais une mise Ă  nu intĂ©grale est interdite. Cette palpation a pour but de vĂ©rifier que le suspect gardĂ© Ă  vue n'a pas sur lui un objet dangereux. Le consentement n'est pas obligatoire.
  • Fouille intĂ©grale si les 2 actes ci-dessus sont insuffisants. Elle doit ĂȘtre indispensable pour l'enquĂȘte. Le suspect gardĂ© Ă  vue peut ĂȘtre amenĂ© Ă  se dĂ©shabiller. Cette fouille doit ĂȘtre dĂ©cidĂ©e par un OPJ et rĂ©alisĂ©e par une personne de mĂȘme sexe que la personne fouillĂ©e, dans un lieu fermĂ©.

Seul un médecin peut effectuer une fouille dans le corps. Elle est utilisée si le suspect gardé à vue est soupçonné de cacher un objet à l'intérieur de son corps (boulette de drogue par exemple).

  À savoir

Les effets personnels du gardĂ© Ă  vue (un tĂ©lĂ©phone ou un portefeuille par exemple) peuvent lui ĂȘtre retirĂ©s en dĂ©but de garde Ă  vue. Ces objets doivent lui ĂȘtre restituĂ©s Ă  l'issue de la garde Ă  vue sauf s'ils sont confisquĂ©s par la justice.

Actes d'enquĂȘte

RĂ©alisation des auditions, transport, identification

Le suspect peut ĂȘtre auditionnĂ© et confrontĂ© tant que la garde Ă  vue n'est pas terminĂ©e. Les propos tenus lors de chaque audition ou lors de chaque confrontation sont retranscrits dans un procĂšs-verbal.

Le gardé à vue est parfois amené à participer à une opération de reconstitution de l'infraction ou à une séance d'identification des suspects dont il fait partie.

Il peut ĂȘtre transportĂ© sur les lieux (transport sur les lieux de l'infraction, par exemple).

Alimentation des fichiers d'enquĂȘte

Une photographie du gardĂ© Ă  vue peut ĂȘtre prise pour alimenter le fichier Taj.

Pour les besoins de l'enquĂȘte, les empreintes digitales du gardĂ© Ă  vue peuvent ĂȘtre relevĂ©es et enregistrĂ©es au Faed

Pour certaines infractions graves (viol, escroquerie aggravée, meurtre, ...), les empreintes biologiques du gardé à vue sont prélevées pour alimenter le Fnaeg.

  À savoir

Le fait de refuser de se soumettre au prélÚvement biologique est une infraction.

Respect de la dignité du gardé à vue

Tous les actes réalisés pendant la garde à vue doivent s'exécuter dans des conditions assurant le respect de la dignité de la personne.

Le gardĂ© Ă  vue doit pouvoir bĂ©nĂ©ficier de temps de repos. Entre les actes d'enquĂȘte auquel il participe, le gardĂ© Ă  vue est placĂ© dans une cellule dans laquelle un matelas et une couverture doivent ĂȘtre mis Ă  disposition. La cellule doit ĂȘtre maintenue dans un bon Ă©tat de propretĂ© par des nettoyages quotidiens.

Le gardé à vue doit pouvoir boire de l'eau et bénéficier de repas chauds, aux heures normales.

Les fouilles ou palpations doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es Ă  l'abri des regards et par un personnel de mĂȘme sexe.

A la fin de la garde Ă  vue, le procureur de la RĂ©publique ou le juge d'instruction, dĂ©cide si le gardĂ© Ă  vue doit ĂȘtre remis en libertĂ© ou prĂ©sentĂ© au tribunal.

Si le gardĂ© Ă  vue est transfĂ©rĂ© des locaux de la police judiciaire vers le tribunal, il s'agit d'un dĂ©ferrement. Dans ce cas, le gardĂ© Ă  vue doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© au procureur de la RĂ©publique ou au juge qui dĂ©cide des suites judiciaires Ă  prendre. Cette prĂ©sentation doit avoir lieu le jour mĂȘme de la fin de la garde Ă  vue.

 Attention :

si la prĂ©sentation au procureur de la RĂ©publique ou au juge ne peut pas ĂȘtre faite le jour mĂȘme de la garde Ă  vue, elle doit se faire dans un dĂ©lai maximum de 20 heures aprĂšs la fin de la garde Ă  vue.

Pour en savoir plus


PLAN DU SITE  | MENTIONS LÉGALES  |  CONFIDENTIALITÉ  |  PAR MAGINEO

Vous avez oublié vos informations ?