Démarches administratives

Fiche pratique

Habilitation familiale

Vérifié le 02 juin 2023 - Direction de l'information légale et administrative (Première ministre)

Vous souhaitez mettre en place une habilitation familiale pour assister ou représenter un proche qui n'est pas en mesure d'exprimer sa volonté au quotidien, de faire ou de comprendre les actes de la vie courante ? Nous vous présentons les informations à connaître.

L'habilitation familiale permet à un proche (parent, enfant, grand-parent, frère, sœur, époux(se), concubin(e), partenaire de Pacs) de représenter ou d'assister une personne pour assurer la sauvegarde de ses intérêts.

Cette habilitation est mise en place lorsque la personne n'est pas en mesure d'exprimer sa volonté au quotidien, de faire ou de comprendre les actes de la vie courante.

L'habilitation familiale est ordonnée par le juge uniquement en cas de nécessité, lorsque les représentations habituelles (procuration, mandat de protection future, régime matrimonial, par exemple) ne permettent pas suffisamment de protéger les intérêts de la personne.

L'habilitation familiale peut être générale ou limitée à certains actes.

  Ă€ savoir

L'habilitation familiale ne met pas fin aux procurations délivrées par la personne à protéger avant le jugement.

A la différence de la sauvegarde de justice, de la curatelle ou de la tutelle, une fois l'habilitation familiale délivrée, il n'y a plus, en général, de contrôle par le juge. Celui-ci peut néanmoins être forcé d'intervenir, par exemple, en cas de conflit entre la personne habilitée et la personne protégée dans le cadre d'une succession où elles ont des intérêts communs.

Il s'agit de toute personne qui n'est plus en capacité de protéger ses intérêts en raison d'une dégradation, médicalement constatée, que ce soit de ses facultés mentales ou de ses facultés corporelles. Il peut s'agir, par exemple, d'une personne en situation de handicap qui l'empêcher d'exprimer sa volonté, atteinte d'une maladie telle que Alzheimer...

Les proches pouvant être habilités sont :

  • Parent, grand-parent, arrière grand-parent
  • Enfant, petit-enfant, arrière petit-enfant
  • Frère, sĹ“ur
  • Époux(se)
  • Partenaire de Pacs
  • Concubin(e)

 Ă€ noter

un neveu, une nièce, un beau-frère, une belle-soeur, un gendre, une belle-fille ne peuvent pas être habilités.

Plusieurs personnes d'une même famille peuvent être habilitées. Leurs missions sont alors déterminées par le juge.

  Ă€ savoir

La personne habilitée exerce sa mission à titre gratuit.

La demande aux fins de désignation d'une personne habilitée peut être faite par :

  • Personne Ă  protĂ©ger
  • Une des personnes qui peuvent ĂŞtre habilitĂ©es
  • Procureur de la RĂ©publique.

Certificat médical

Pour demander une habilitation familiale, il faut obtenir un certificat médical circonstancié auprès d'un médecin choisi sur une liste établie par le procureur de la République.

Ce médecin peut solliciter l'avis du médecin traitant de la personne à protéger.

La liste des médecins compétents peut être obtenue auprès du tribunal du domicile de la personne à protéger auprès du greffe du juge des contentieux de la protection (ancien juge des tutelles).

Où s’adresser ?

  Ă€ savoir

certains tribunaux diffusent la liste des médecins habilités sur leur site.

Demande au juge des contentieux de la protection (ancien juge des tutelles)

La demande se fait auprès du juge, directement ou par le biais du procureur de la République qui a lui-même été sollicité par un médecin.

La demande doit obligatoirement comporter les pièces suivantes :

  • Copie intĂ©grale de l'acte de naissance de la personne Ă  protĂ©ger, datant de moins de 3 mois
  • Copie (recto-verso) d’un justificatif d'identitĂ© de la personne Ă  protĂ©ger, comportant son nom, prĂ©nom, date et lieu de naissance, une photographie et sa signature et l'identification de l'autoritĂ© qui a dĂ©livrĂ© le document, la date et le lieu de dĂ©livrance
  • Copie (recto-verso) d’un justificatif d’identitĂ© de la personne qui demande l'habilitation familiale, comportant son nom, prĂ©nom, date et lieu de naissance, une photographie et sa signature et l'identification de l'autoritĂ© qui a dĂ©livrĂ© le document, la date et le lieu de dĂ©livrance
  • Certificat mĂ©dical circonstanciĂ©
  • Formulaire de demande rempli (cerfa n°15891).

Selon la situation, les pièces suivantes sont à joindre :

  • Copie du contrat de mariage ou de la convention de Pacs de la personne Ă  protĂ©ger
  • Copie du livret de famille de la personne Ă  protĂ©ger
  • Certificat mĂ©dical Ă©tabli par un mĂ©decin inscrit sur la liste du procureur de la RĂ©publique attestant l'impossibilitĂ© pour l’intĂ©ressĂ©e de s'entretenir avec le juge
  • Copie de la pièce d’identitĂ© et copie de la domiciliation de la personne dĂ©sireuse de remplir les fonctions de personne habilitĂ©e
  • Lettres des membres de la famille acceptant cette nomination
  • En cas de volontĂ© de vendre un bien immobilier, au moins 2 avis de valeur de ce bien

Un modèle de lettre est disponible :

Modèle de document
Modèle d'acceptation des membres de la famille acceptant l'habilitation ou la nomination du tuteur ou curateur

AccĂ©der au modèle de document  

Direction de l'information légale et administrative (Dila) - Première ministre

Le dossier doit être transmis au juge des contentieux de la protection auprès du tribunal du domicile de la personne à protéger.

Instruction de la demande

Le juge auditionne la personne à protéger et examine la demande (appelée requête).

Toutefois, le juge peut, en justifiant sa décision et sur avis du médecin qui a examiné la personne à protéger, décider qu'il n'y a pas lieu de procéder à son audition si cela risque de porter atteinte à sa santé ou si elle n'est pas en capacité de s'exprimer.

Le juge s'assure que les proches (dont il connaît l'existence au moment où il rend sa décision) sont d'accord avec la mesure ou, au moins, ne s'y opposent pas. Le juge doit également obtenir l'accord de la personne à protéger.

  Ă€ savoir

L'assistance d'un avocat Ă  l'audience est facultative.

Décision du juge

Le juge se prononce sur le choix de la ou des personne(s) habilitée(s), l'étendue et la durée de l'habilitation. Il doit préciser s'il confie au proche habilité une mission de représentation (c'est-à-dire de prise de décision selon le souhait et l'intérêt de la personne à protéger) ou d'assistance (c'est-à-dire de conseil).

Pour ce faire, il vérifie que son choix est conforme aux intérêts patrimoniaux (biens immobiliers, argent placé, actions...) et personnels de la personne à protéger.

Le juge peut, à tout moment, remplacer une mesure de protection judiciaire (sauvegarde de justice, curatelle ou  tutelle) par une mesure d'habilitation familiale après avoir recueilli l'avis de la personne chargée de la mesure de protection (mandataire, curateur, tuteur). Ce remplacement peut intervenir si les conditions de l'habilitation familiale (accord de la personne à protéger, adhésion des proches, capacité juridique de la personne qui va être habilitée) sont réunies.

Le juge peut aussi estimer que l'habilitation familiale sollicitée n'est pas adaptée pour assurer la protection de la personne et ordonner une sauvegarde de justice, une curatelle ou  une tutelle.

  Ă€ savoir

l'habilitation familiale par représentation ou assistance ne peut pas être cumulée ou combinée avec une mesure de tutelle ou de curatelle.

Le jugement qui accorde l'habilitation générale fait l'objet d'une mention en marge de l'acte de naissance.

Appel de la décision

Il est possible de faire appel de la décision d'habilitation dans les 15 jours qui suivent sa notification. Celui-ci peut être fait par :

  • Personne Ă  protĂ©ger
  • Personne habilitĂ©e
  • Membre de la famille (restreinte) de la personne Ă  protĂ©ger c'est-Ă -dire un ascendant, un descendant, frère, soeur, conjoint, partenaire de PACS, concubin.

  Ă€ savoir

L'assistance d'un avocat est facultative.

L'habilitation familiale peut être générale ou limitée à certains actes.

  • Si l'intĂ©rĂŞt de la personne Ă  protĂ©ger l'exige, le juge peut dĂ©cider que l'habilitation soit gĂ©nĂ©rale. L'habilitation permet Ă  celui qui reprĂ©sente la personne d'agir en son nom.

    La personne qui se voit confier l'habilitation générale peut ainsi accomplir l'ensemble des actes : actes d'administration (entretien d'un bien immobilier, suivi d'un compte bancaire...) et de disposition des biens (vente d'une maison, d'un immeuble...). Il agit au nom de la personne protégée.

    En principe, la personne habilitée dans le cadre d'une habilitation générale ne peut pas accomplir un acte pour lequel elle est en opposition d'intérêts avec la personne protégée. Toutefois, à titre exceptionnel, le juge peut l'autoriser parce que l'intérêt de la personne protégée l'impose.

      Ă€ savoir

    concernant les comptes et les livrets bancaires de la personne protégée, sauf décision contraire du juge, la personne habilitée peut librement en ouvrir d'autres, les clôturer ou les modifier.

    Le juge fixe la durée de l'habilitation. Toutefois, elle ne peut pas dépasser 10 ans. Il peut renouveler l'habilitation pour une même durée au vu d'un certificat médical circonstancié.

    Lorsque l'amélioration de l'état de santé de la personne à protéger ne peut pas être envisagée, le juge a la possibilité de renouveler la mesure pour une durée plus longue n'excédant pas 20 ans. Dans ce cas, sa décision doit être motivée et prise en fonction de l'avis conforme d'un médecin inscrit.

     Ă€ noter

    l'habilitation familiale à portée générale fait l'objet d'une mention en marge de l'acte de naissance de la personne protégée.

  • L'habilitation peut porter sur les actes suivants :

    • Actes d'administration (entretien d'un bien immobilier, suivi d'un compte bancaire...)
    • Actes de disposition des biens (vente d'une maison, d'un immeuble...). Les actes de disposition Ă  titre gratuit (donations) peuvent ĂŞtre accomplis uniquement avec l'autorisation du juge des contentieux de la protection.
    • Actes concernant la personne elle-mĂŞme (dĂ©cider d'une opĂ©ration mĂ©dicale, d'un mariage...)

    La personne protégée peut continuer à accomplir les actes qui ne sont pas confiés à la personne habilitée.

L'autorisation du juge des contentieux de la protection (ancien juge des tutelles) est requise pour les actes suivants :

  • Acte de disposition Ă  titre gratuit (exemple : projet de donation)
  • Renonciation Ă  une succession dĂ©ficitaire
  • Dispositions Ă  prendre (vente, location...) sur le logement de la personne protĂ©gĂ©e
  • Conflit d'intĂ©rĂŞt sur un acte entre la personne habilitĂ©e et la personne Ă  protĂ©ger. Tel peut ĂŞtre le cas lors d'une succession par exemple lorsque la personne qui bĂ©nĂ©ficie de l'habilitation a Ă©galement la qualitĂ© d'hĂ©ritier
  • Acte portant gravement atteinte Ă  l'intimitĂ© de la vie privĂ©e
  • Annulation ou rĂ©vision d'un acte pris, par la personne protĂ©gĂ©e elle-mĂŞme, contraire Ă  ses intĂ©rĂŞts

Seuls quelques actes sont strictement interdits. Ceux-ci diffèrent selon la personne qui les établit.

    • AcquĂ©rir ou louer Ă  titre personnel des biens appartenant à la personne protĂ©gĂ©e
    • RĂ©aliser des opĂ©rations commerciales, en son nom, Ă  partir des biens de la personne protĂ©gĂ©e
    • Renoncer Ă  un droit en viager de la personne protĂ©gĂ©e ou sa cession
    • Souscrire un acte de caution qui engage la personne protĂ©gĂ©e
    • Souscrire un contrat d'assurance en cas de dĂ©cès

     Ă€ noter

    Si la personne habilitée accomplit seule un acte n'entrant pas dans le champ de l'habilitation ou qui ne pouvait être accompli qu'avec l'autorisation du juge, l'acte est nul sans qu'il soit nécessaire de justifier d'un préjudice.

  •  Ă€ noter

    Si la personne protégé a passé seule un acte dont l'accomplissement a été confié à la personne habilitée, l'acte est nul sans qu'il soit nécessaire de justifier d'un préjudice.

L'habilitation familiale prend fin dans les situations suivantes :

  • DĂ©cès de la personne protĂ©gĂ©e
  • Placement de la personne protĂ©gĂ©e sous sauvegarde de justice, sous curatelle ou sous tutelle
  • Jugement dĂ©finitif supprimant l'habilitation (mainlevĂ©e) prononcĂ© par le juge Ă  la demande de la personne protĂ©gĂ©e, de l'un des proches de la personne protĂ©gĂ©e ou du procureur de la RĂ©publique. C'est le cas lorsque les conditions de l'habilitation ne sont plus rĂ©unies ou que l'habilitation familiale porte atteinte aux intĂ©rĂŞts de la personne protĂ©gĂ©e
  • Ă€ l'expiration du dĂ©lai fixĂ©, en cas de non-renouvellement de l'habilitation
  • Après l'accomplissement des actes pour lesquels l'habilitation limitĂ©e avait Ă©tĂ© donnĂ©e


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